La Spezia, 13/14 avril 1943

14 avril 1943,
Opérations A.S.R. en Baie de Seine, vers 16h00-17h00

Le Mayday[1] des pilotes canadiens qui tournent au-dessus du dinghy du Flight Lieutenant Johnstone au large de la pointe de Barfleur est rapidement répercuté aux différents échelons du No. 11 Group. L'alerte A.S.R.[2] sonne à Kenley d'où le Supermarine Walrus I serial W2773 du No. 277 Squadron[3] s'envole à 15h23 avec les Pilot Officers J. L. Barber, D.F.M., et L. R. Healey, respectivement pilote et mitrailleur. Le petit hydravion biplan parcourt la zone indiquée sans rien apercevoir lorsque les Bf 109 de la 3./J.G. 27 lui tombent dessus. L'issue de la rencontre ne fait aucun doute : le Walrus est abattu. Barber et Healey en réchappent, mais blessés et in the drink[4] ; ils affirmeront avoir endommagé un Messerschmitt. Côté allemand, l'Oberfeldwebel Rainer Pöttgen demande l'homologation d'un "Stranraer"[5] détruit à 16h18.

A 16h35, un deuxième Walrus prend l'air et met le cap au sud accompagné d'une escorte de chasse. Cinq minutes plus tôt, un flight de six Spitfire VB du No. 411 (R.C.A.F.) Squadron, l'unité de Johnstone, a décollé de Redhill. Parvenus en baie de Seine, les pilotes du 411 repèrent un dinghy à environ 20 miles (30 km) au nord de Port-en-Bessin. Les Spitfire virent au niveau de l'eau et gardent le canot en vue. Profitant d'une altitude de 1000 pieds (300 m), une dizaine de Fw 190 passent soudain à l'attaque. Un combat aérien s'engage qui voit le commandant canadien, le Squadron Leader D. G. E. Ball, s'écraser dans la mer[6]. Ses hommes revendiquent deux victoires sûres, la première au crédit du Pilot Officer C. S. Pope, la seconde partagée entre le Flight Lieutenant G. C. Semple et le Flying Officer A. M. Barber[7]. Les cinq Spitfire survivants regagnent leur base à 18h20. Dans l'intervalle, le second Walrus a réussi à localiser l'équipage du W2773 sans être inquiété ; les conditions permettent un amerrissage et l'hydravion peut ainsi repêcher Barber et Healey.

Reste que Johnstone, dont le sauvetage est à l'origine de ces opérations, est toujours naufragé près de la côte française. Un troisième Walrus escorté par deux Spitfire du No. 485 (R.N.Z.A.F.) Squadron effectue une dernière recherche qui ne donne rien. Le Flight Lieutenant William Thomas Johnstone, 25 ans, et le Squadron Leader Donald George Elmore Ball, 22 ans, tous deux de la Royal Canadian Air Force, ne seront jamais retrouvés. Les adversaires du No. 411 Squadron étaient très certainement des appareils du I./J.G. 2 basé à Tricqueville, qui perd ce jour-là l'Oberfeldwebel Gustav Rommel, tué en combat aérien sur le Fw 190 A-4 W.Nr. 7060 "Bei Sellsex-Bill" (près de Selsey Bill?). On ne relève néanmoins pas trace d'une revendication de la Jagdgeschwader 2 pouvant correspondre à la chute du Spitfire de Ball.

JT, 19/5/15

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Sources

8/7/18:
Cette relation des opérations A.S.R. en baie de Seine date de 2015 et elle présente plusieurs inexactitudes. En particulier, la chronologie et la description des circonstances de la perte du S/L. Ball laissent à désirer. Corriger ce texte fait partie de mes nombreux chantiers.

 

 

[1] Transcription phonétique du français "M'aider" utilisée pour les appels de détresse dans les procédures radiotéléphoniques de la Royal Air Force.

[2] A.S.R. (Air Sea Rescue) : Sauvetage des aviateurs perdus en mer.

[3] Avec des détachements sur plusieurs bases du sud-est de l'Angleterre, le No. 277 Squadron encadre les moyens aériens de sauvetage en mer du No. 11 Group (Walrus, Lysander, Defiant et Spitfire).

[4] Expression britannique équivalente à notre "à la baille".

[5] Le Supermarine Stranraer, hydravion à coque biplan de patrouille maritime, possède une certaine ressemblance avec le Walrus du même constructeur. C'est cependant un appareil beaucoup plus gros, bimoteur quand le Walrus est monomoteur, caractérisé par des ailes très espacées et une double dérive. Il avait été retiré du service actif en octobre 1941.

[6] Spitfire VB EP489.

[7] A ne pas confondre avec le P/O. J. L. Barber, D.F.M., le pilote du Walrus.