La Spezia, 13/14 avril 1943

Vickers Wellington, avril 1943

Wellington X HZ279 HD-R, mai 1943

Le Wellington X ci-dessus [photo IWM CH 10247] est le HZ279 HD-R, vu lors d'une visite de maintenance à la fin mai 1943 sur la base de Leconfield. Baptisé 'Young/ers', cet appareil a souvent été utilisé – en particulier le 14/15 avril – par l'équipage du Sgt. R. A. L. Young[1] du No. 466 (R.A.A.F.) Sqdn. Il porte ici 14 pintes de bière qui symbolisent autant d'opérations réussies.

On note sur cette image les casseroles d'hélice spécifiques à la version Mk. X, l'antenne du brouilleur Mandrel sous le nez et l'application de pièces de toile pour calfeutrer la tourelle avant et limiter les courants d'air dans la carlingue.

Le bimoteur Vickers Wellington a constitué la cheville ouvrière du bombardement britannique en métropole jusqu'à l'automne 1942 quand il est supplanté par les quadrimoteurs qui sortent d'usine en nombre toujours croissant. Au début de 1943, le Wellington équipe la quasi-totalité des O.T.U.[2] et les équipages, pour la plupart, ont appris le métier à son bord ; il compte également pour presque un quart des effectifs en ligne avec les versions Mk. III (moteurs Bristol Hercules XI) et Mk. X (Hercules VI ou XVI). A 18h00, le 14 avril 1943, le Bomber Command recense en effet dans ses escadrons opérationnels, non compris les bombardiers de jour du No. 2 Group :

  • 361 (215/196)[3] Lancaster I et III répartis dans 17 escadrons des Nos. 1, 5 et 8 Groups ;
  • 253 (193/186) Wellington III et X dans 13 escadrons des Nos. 1, 4 et 6 Groups ;
  • 234 (185/161) Halifax II et V dans 11 escadrons des Nos. 4, 6 et 8 Groups ;
  • 173 (135/107) Stirling I et III dans 7 escadrons des Nos. 3 et 8 Groups ;
  • 12 (9/9) Lancaster II dans un escadron du No. 3 Group ;
  • 22 (15/10) Mosquito IV dans un escadron du No. 8 Group ;

pour un total de 50 squadrons et 1055 (752/669) appareils, dont 780 (544/473) quadrimoteurs[4].

La longévité du Wellington est largement due à sa structure d'une grande originalité : elle repose sur un maillage d'éléments en alliage léger qui s'entrecroisent en épousant les lignes géodésiques du fuselage, de la voilure et des empennages. Après entoilage, il en résulte une cellule souple, légère et extrêmement résistante. Les versions Mks. III et X possèdent une tourelle arrière quadruple F.N.20 ou F.N.120, une tourelle avant bitube F.N.5 et deux mitrailleuses de sabord (rarement utilisées). Le Wimpy, comme l'appellent ses équipages, est un avion robuste et sans vice, mais qui manque un peu de performances dans le contexte de 1943. En palier, il ne dépasse pas 410-420 km/h et sa vitesse de croisière économique se situe autour de 300 km/h. S'il peut voler à une altitude de 6700 m (22 000 pieds), on le trouve le plus souvent en opération vers 4575 m (15 000 pieds). Sa limitation originelle est de n'avoir ni la capacité d'emport, ni l'allonge d'un quadrimoteur, avec un maximum de 2000 kg (4500 livres) de bombes pour une distance franchissable d'environ 2000 km. Le 14 avril, les appareils doivent embarquer un réservoir supplémentaire de soute contenant 636 litres d'essence et réduire leur charge de bombes à 816 kg (1800 livres) d'incendiaires. Le B.C. H.Q. attribue de surcroît à chaque escadron de Wellington un terrain de dégagement dans le sud ou le centre du pays.

Très apprécié par ses utilisateurs, le Wellington servira au sein du Bomber Command jusqu'en mars 1944[5]. Il continuera ensuite à rendre de grands services comme bombardier sur des théâtres d'opération secondaires (Italie, Inde et Birmanie), dans la lutte anti-sous-marine et la reconnaissance. Ce sera l'un des rares avions restés en production de 1939 à 1945.

Wellington X HE158 NA-Y, 9 avril 1943

La structure en treillis du Wellington apparaît clairement sur cette terrible photo prise au retour du raid sur Duisbourg le 8/9 avril [IWM CH 9867]. Cette nuit-là, le Wellington X HE158 428-Y était à moins de deux minutes de l'objectif, quand l'explosion d'un obus de Flak le fit vaciller. Aux commandes, le Sgt. canadien L. F. Williamson poursuivit sa passe de bombardement, bien que la direction ne réponde plus. Impossible ensuite de fermer la soute à bombes – le système hydraulique était hors service – et, lorsque le navigateur gagna la queue pour s'enquérir du mitrailleur qui ne se manifestait plus, il réalisa que l'obus avait arraché la tourelle arrière, projetée dans le vide avec son occupant, le Sgt. Lorenzo Bertrand. Les quatre survivants purent ramener l'avion blessé à West Malling et Williamson reçut la C.G.M.

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[1] Son navigateur est le Sgt. R. L. Young.

[2] Operational Training Units : unités d'entraînement opérationnel.

[3] Les chiffres donnés sont : nombre d'appareils (nombre d'appareils disponibles/nombre d'appareils disponibles avec un équipage opérationnel).

[4] Form 'G' – 1800 Hours 14th. April, 1943, Appendix G to Bomber Command O.R.B., TNA AIR 24/254.

[5] Octobre 1943 dans les opérations de bombardement, mars 1944 pour les mouillages de mines.