Formation des pilotes de chasse de la R.C.A.F.[1]
Tiger Moth dans une Elementary Flying Training School au Canada [photo recueillie sur le compte Flickr d'Etienne du Plessis].
La plupart des Tiger Moth de la R.C.A.F., construits par de Havilland Aircraft of Canada Ltd. et désignés D.H.82C, diffèrent du modèle original (D.H.82 et D.H.82A) par un cockpit fermé, un chauffage de cabine, une roulette de queue et des freins. Celui-ci, serial 4399, a été utilisé par la No. 1 E.F.T.S. (Malton, Ont.) du 25 février 1941 au 19 juin 1942, puis par la No. 20 E.F.T.S. (Oshawa, Ont.) de fin 1942 à 1943.
Pour les rendre plus visibles, les avions d'entraînement sont peints en partie ou totalement d'une couleur jaune brillante.
A la base, les personnels navigants de la Royal Canadian Air Force sont des volontaires qui doivent respecter des critères – variables en fonction des spécialités – d'âge, de moralité, de niveau d'étude et bien sûr d'aptitude médicale. Leur engagement accepté, les futurs aviateurs regagnent leur foyer pour quelques mois, le temps que des places se libèrent dans les écoles. Les recrues qualifiées comme élèves-pilotes sont alors incorporées et suivent un cursus en plusieurs étapes qui commence au Canada dans le cadre du British Commonwealth Air Training Plan (B.C.A.T.P.) :
- Initial Training School (I.T.S.) chargée d'enseigner le bagage théorique indispensable (beaucoup de mathématiques!) ;
- Elementary Flying Training School (E.F.T.S.) qui dispense la formation initiale, au sol et en vol sur des avions d'écolage tels que des biplans de Havilland Tiger Moth ; selon leurs aptitudes, les stagiaires sont ensuite orientés vers des avions monomoteurs (chasse) ou bimoteurs (autres branches) ;
- Service Flying Training School (S.F.T.S.) où les élèves-pilotes se perfectionnent sur des appareils d'entraînement avancé plus puissants et équipés de trains escamotables, comme des North American Harvard (monomoteurs) ou des Avro Anson (bimoteurs).
A chaque phase, ceux qui échouent aux tests sont reclassés dans des spécialités moins exigeantes[2]. Les autres, à l'issue de la S.F.T.S., reçoivent leurs ailes de pilote et sont promus au grade de Sergeant ou de Pilot Officer (sous-lieutenant) pour les meilleurs d'entre eux.
L'hiver canadien n'arrête pas les vols dans les Service Flying Training Schools comme le montre cette superbe photo de deux Harvard II au roulage sur un taxiway enneigé, tandis qu'un 3e appareil quitte le parking [via Etienne du Plessis]. |
Des Anson I (bimoteurs) et des Harvard (monomoteurs) se partagent le tarmac d'une base du B.C.A.T.P., sans doute à la No. 2 S.F.T.S. (Uplands, Ont.) au milieu de 1941 [photo via Etienne du Plessis]. |
Cérémonie de remise des ailes pour une promotion de la No. 2 S.F.T.S. à Uplands, Ont., en 1943 [photo LAC PA-125993, via Vintage Wings of Canada].
Une permission suit la cérémonie de remise des ailes, puis les pilotes frais émoulus embarquent sur un transport de troupes à destination de l'Angleterre. Après la traversée, ils sont rassemblés dans un Personnel Reception Centre (P.R.C.) en attendant de pouvoir compléter leur entraînement. En 1942, la R.A.F. crée des (Pilot) Advanced Flying Units ((P.)A.F.U.) afin de familiariser les aviateurs formés au Canada avec les procédures et surtout la météo des îles Britanniques. Les pilotes sélectionnés pour la chasse passent ensuite en Operational Training Unit (O.T.U.) où des vétérans ayant effectué un tour d'opérations leur transmettent le métier : vol en formation, vol de nuit, combat aérien, tir, tactiques, etc. A la sortie, souvent une année après leur incorporation, les Canadiens sont affectés dans un escadron du Fighter Command. Mais il leur reste encore beaucoup à apprendre pour survivre sur le front de la Manche!
Vers 1943, les O.T.U. forment les apprentis chasseurs de jour sur des Spitfire de modèles anciens, usés par des mois de service en première ligne.
Le Spitfire IIB P8348, qui porte le code NS de la No. 52 O.T.U. (Aston Down), est un de ces appareils [photo IWM CH 10897] :
- construit par Vickers-Armstrongs Ltd. à Castle Bromwich ;
- payé par une souscription, l'avion arbore un intitulé rappelant les donateurs : "British and Friends Ex Japan" ;
- pris en compte le 26 avril 1941 ;
- sert avec les Nos. 222, puis 416 Sqdns. ;
- affecté à la No. 52 O.T.U.
Il sera ensuite converti en Mk. V avant d'être rayé des effectifs le 25 septembre 1945.
[1] Nous présentons ici un parcours "idéal" ; beaucoup ont vécu des trajectoires un peu, voire très différentes.
[2] De nombreux ex-futurs pilotes seront ainsi ré-entraînés comme Air Bomber (bombardier, c'est-à-dire l'aviateur responsable de la visée et du largage des bombes). Grâce aux heures de vol effectuées lors de leur formation interrompue en E.F.T.S. ou S.F.T.S., quelques-uns d'entre eux sauveront leur équipage dont le pilote a été tué ou blessé.